La première forêt urbaine en Tunisie vient de voir le jour dans la capitale Tunis. Il s’agit d’une zone boisée de 3 hectares, équipée d’infrastructures de repos en bois et d’un point de vente de produits de terroir. Ce vaste espace vert est aménagé dans la localité d’El Agba, une cité en pleine expansion à la périphérie de la capitale.
« C’est un projet de la direction des forêts du Commissariat régional au développement agricole de Tunis (CRDA), qui a duré presque une année, moyennant un investissement de l’ordre de 200 000 dinars », a déclaré à l’agence TAP le commissaire régional au développement agricole, Mouldi Ben Mohamed.
Le responsable a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas d’un parc urbain « mais plutôt une forêt, dont l’aspect naturel sera sauvegardé, donc sans cafés, ni restaurants ni locaux de commerce ».
« Le seul point de vente dans cet espace vert sera réservé aux produits de terroirs des femmes rurales. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre de l’économie solidaire et de l’approche participative et de responsabilisation des habitants pour qu’ils protègent eux mêmes la forêt », a-t-il encore déclaré.
D’après Ben Mohamed, la forêt de laquelle profiteront 4 délégations d’environ 300 000 habitants, sera équipée de 30 points d’éclairage à l’énergie solaire, par le Gouvernorat de Tunis. Des concertations seront menées avec toutes les parties intervenantes et aussi avec la société civile pour identifier les meilleures techniques de gestion, d’entretien et de protection de cet espace.
Un modèle de développement vert à encourager
Pour une cité naissante aux alentours de la capitale, le choix d’investir dans les espaces verts ne peut être qu’un bon choix écologique dans la planification et l’aménagement d’une ville durable.
Car, « le fait d’investir dans les espaces verts rend les villes des lieux de vie plus durables, résilients, sains, équitables et agréables », avait souligné l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à l’occasion de la Journée internationale des forêts (21 mars 2019).
« Les forêts et les arbres bien gérés dans et autour des villes fournissent habitat, nourriture et protection à de nombreux animaux et plantes contribuant ainsi à maintenir et à accroître la biodiversité », avait rappelé le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva.
En Tunisie, plus de 67% de la population vit actuellement dans les villes. D’où, la nécessité d’aménager davantage d’espaces verts en milieu urbain pour minimiser les effets de la densité urbaine et aérer ces milieux généralement plus exposés à la pollution de tous genres.
Les zones boisées, les forêts et les arbres dans les villes et leurs périphéries permettent le stockage du carbone et l’élimination des polluants atmosphériques en plus de la restauration des sols dégradés et la prévention des sécheresses et des inondations, selon la FAO. A titre d’exemple, dans une ville de taille moyenne, les arbres urbains peuvent réduire la perte de sol d’environ 10.000 tonnes par an.
En ombrageant et en refroidissant l’air dans les zones urbaines, les arbres et les forêts contribuent à réduire les températures extrêmes et atténuent ainsi les effets du changement climatique. En effet, les arbres correctement placés autour des bâtiments réduisent de 30% les besoins en climatisation. Dans les climats froids, en protégeant les maisons contre le vent, ils aident à économiser de 20 à 50% l’énergie utilisée pour le chauffage.
Les forêts urbaines et périurbaines comme celle fraichement inaugurée à Tunis, améliorent, ainsi la résilience et la qualité des bassins versants et des réservoirs d’eau en prévenant l’érosion, en limitant l’évapotranspiration et en filtrant les polluants.